Bastien et moi marchons dans les venelles de Tolède. La ville médiévale valait le détour.
Le match de hockey avait eu lieu la veille. ZMN465 avait donné la victoire à son équipe à deux secondes de la fin. Curieux, les joueurs portaient des numéros de plaque du Québec.
Nous visitions le cloître Saint-Sébastien. Cet endroit aurait dû accueillir les dépouilles des rois catholiques, Ferdinand et Isabelle. Ils étaient pourtant enterrés à Séville.
Nous discutions de ces choses lorsque Bastien s’arrêta dans un coin du cloître. Il fixait le ciel. Je m’approchai de lui.
– Gautier, me dit-il en me prenant par l’épaule. La vie est une si belle chose. Il faut apprécier chaque instant qui passe. La mission est finie. Nous avons récupéré les boules. Le pape a été retracé dans une île du Pacifique.
– Chef! Je crois qu’il manque encore des éléments.
– Peut-être. Mais votre mission est terminée. Je vous donne congé.
Bastien appuya fermement sur ma nuque, ma tempe et mon épaule. Je n’eus le temps que de lancer un cri de surprise. Un rideau de matière jaunâtre ressemblant à de la costarde s’écoula de mon œil de chien mort. Black-out!
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La pluie tombe régulièrement sur le pare-brise de la voiture. Je n’aime pas conduire lorsqu’il pleut. Je n’ai pas le choix, ces visites sont obligatoires dans mon travail. De l’autre côté de la rue, sur la plaque, c’est écrit : Richard Gautier, psychologue. J’aurais tant aimé m’appeler Gautier. Je m’appelle Fredéric-Bastien Tremblay.
-- FIN --