vendredi 28 septembre 2007

N'oublies pas que tu vas mourir


Bastien et moi marchons dans les venelles de Tolède. La ville médiévale valait le détour.

Le match de hockey avait eu lieu la veille. ZMN465 avait donné la victoire à son équipe à deux secondes de la fin. Curieux, les joueurs portaient des numéros de plaque du Québec.

Nous visitions le cloître Saint-Sébastien. Cet endroit aurait dû accueillir les dépouilles des rois catholiques, Ferdinand et Isabelle. Ils étaient pourtant enterrés à Séville.

Nous discutions de ces choses lorsque Bastien s’arrêta dans un coin du cloître. Il fixait le ciel. Je m’approchai de lui.

– Gautier, me dit-il en me prenant par l’épaule. La vie est une si belle chose. Il faut apprécier chaque instant qui passe. La mission est finie. Nous avons récupéré les boules. Le pape a été retracé dans une île du Pacifique.

– Chef! Je crois qu’il manque encore des éléments.

– Peut-être. Mais votre mission est terminée. Je vous donne congé.

Bastien appuya fermement sur ma nuque, ma tempe et mon épaule. Je n’eus le temps que de lancer un cri de surprise. Un rideau de matière jaunâtre ressemblant à de la costarde s’écoula de mon œil de chien mort. Black-out!

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La pluie tombe régulièrement sur le pare-brise de la voiture. Je n’aime pas conduire lorsqu’il pleut. Je n’ai pas le choix, ces visites sont obligatoires dans mon travail. De l’autre côté de la rue, sur la plaque, c’est écrit : Richard Gautier, psychologue. J’aurais tant aimé m’appeler Gautier. Je m’appelle Fredéric-Bastien Tremblay.

-- FIN --

jeudi 27 septembre 2007

Pour faire « reset », appuyez ici.

Une fois mon petit malaise expédié à 35 000 pieds d’altitude, je retournais à mon siège. La petite blonde du siège opposé semblait moins « cute ».

Porto fut une réussite. Onze CM supplémentaire à mon tableau. Ils n’offraient pas beaucoup de résistance. Ils devaient être plus « baiseurs » que soldats. Et Quarantième n’était vraiment pas con. Il avait prévu le coup.

- Pour faire « reset », rien de plus facile.
- « Ah bon » lui dis-je.
- Ici derrière la nuque, là sur la tempe et ici sur l’épaule.
- Et ça fonctionne vraiment?
- Oui. Indépendamment, rien. Mais les trois contacts en même temps, le clone tombe dans un sommeil profond. Et grâce à cet émetteur, je le place en état trans-dimensionnel, puis le récupère à mon retour dans le futur.

Du pur génie. En prime, la position que je devais prendre ressemblait à la pince-vulcain de Mr. Spock. Les oreilles en moins. Papa fut soulagé qu’il n’y ait pas de bain de sang. Moi aussi d’ailleurs.

- « Après tout, je ne suis pas Red Ketchup » lui glissais-je à l’oreille.

Bastien s’en foutait un peu. Son rôle était d’assurer la logistique. Après Porto, nous allâmes à Lisbonne où sept autres CM furent retournés à leur époque.

Quarantième annonça notre prochaine destination : Madrid.

- Mais avant, pourquoi ne pas faire un petit détour vers Tolède afin d’assister à un match d’hockey de l’équipe locale.
- « Ils affrontent Bordeaux. » annonça Bastien.

Clarquegaibeule

Je le regardais avec mon meilleur regard qui tue.

- Choisissez quelle capsule de NEO-citrant vous voulez prendre, dit-il. Une capsule verte, qui goûte la menthe poivrée; ou la rouge, au bon goût de ketchup ? Je vous dis pas ce que quoi est quoi et ce que font les siphons.

J'optais pour la rouge.

Je me réveillais dans mon siège d'avion, en route pour Porto, mon père assis à côté de moi. Il avait mangé le poulet, avec les plumes. J'avais l'impression que ça ne tournait pas rond. J'avais mal à ma titine et c'était un mauvais signe, d'habitude.

Je spottais une belle nana blonde, assise en diagonale de mon siège. Elle était pas mal canon! Tout ceci me semblait irréel. J'avais un sentiment de déjà-vu, de mal-être et de porte tournante.

Je me dirigeais vers la belle et me composais mentalement un sourire à la clarquegaibeule : vous prenez souvent cet avion ?

Elle m'ignorait, comme si je n'étais pas là. Mais pourquoi. Suis-je un animal. Peut-on feindre de m'ignorer ? Le peut-on ?

Et si je poussais un peu, juste un peu. Elle répondrait, oui ou non. J'en oubliais mon malaise pour m'en faire un autre, quatre trente sous dans une piastre, et me dirigeais vers la toilette.

- Merde, c'est rouge, il y a quelqu'un, dis-je, entre mes dents.

Je ne savais même pas que j'étais malade

Il faisait tellement beau. Le soleil était d'un bleu à s'arracher l'âme et la mer, d'un rouge intense, couleur passion, comme sur l'album de King Créole.

J'en étais à ces réflexions lorsqu’une jeune femme, ingénue à la fois blonde, brune et rousse, m'interpella d'une façon assez originale. Lorsqu'elle eu la délicatesse de retirer sa langue de ma bouche, je pus enfin lui dire «... oui bien sûr, mais vous savez je me garde vierge pour le mariage. Je suis très fort de volonté alors n'essayez pas de me séduire davantage, jeune pécheresse exacerbée.»

Trois orgasmes plus tard, asséché de désir et rongé par une folle envie de me faire un club sandwich viande blanche sans tomate mais avec une tranche de fromage orange, je fermais les yeux en tentant de me rappeler à quel moment j'avais acheté un billet d'avion pour me rendre ici.

- Levez-vous, CM-23783690979.

- Pour couper dans la poésie, vous êtes fort vous.

Claude Meilleur, encore, se tenait debout devant moi. Exit la plage et les sensations, on était maintenant absolument nulle part, un espace blanc. Il était en costard noir, lunettes noires, bon prix, bonne coupe, bonne réputation. J'aurais espérer avoir droit au même traitement. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que j'étais habillé en danseuse de luxe, avec plumes et tutti quanti.

- Vous pouvez m’expliquer ce que je fais ici? Et cette fille?

- On vous a préparé pour votre prochaine mission. Levez-vous, CM-23783690979, la Natrix ne tolère pas l'oisiveté.

mercredi 26 septembre 2007

Tu es dans la Natrix

C'est à ce moment que mon père retira son masque. Sous le masque, c'était Claude Meilleur.

Il s'approcha de moi et j'étais pétrifié. Il agrippa la titine que j'ai à la base de la nuque et il retira de mon visage un masque, qu'il me tendit. Il m'ordonna d'aller me regarder dans le miroir de la toilette de l'aéroport.

En me rendant au wc, je me tatais le visage, tentant de déchiffre l'horreur prochaine. Devant le miroir, je voyais ma tête de Claude Meilleur.

Je défonçais la porte d'une cabine occupée et empoignais sauvagement un type qui semblait être un représentant en commerce. Je le mettais ko d'un coup de tête au nez. Il gisait, saignant du nez, les pantalons aux chevilles, couché sur le sol sale de cette toilette anonyme d'aéroport.

Je lui retirais son masque. Claude Meilleur.

Je sortais de la toilette et me dirigeais en courant vers celui qui s'était fait passer pour mon père.

- What the fuck, criais-je, c'est quoi, ça, je ne comprends plus rien !

- Tu es dans la Natrix, CM-23783690979, fit-il, calmement.

- J'aurais préféré Star Trek, dis-je, en m'évanouissant.

mardi 25 septembre 2007

À la mémoire de Papy

J’aurais voulu dire à Quarantième qu’il semblait moins con ou prétentieux que celui des VC. Mais le temps pressait et je ne le pensais pas vraiment.
Mon père et Bastien nous attendaient à l’entrée de l’Excelsior Palace, un martini à la main. En regardant le gobelet à sous de mon père, je pus remarquer qu’il avait eu du succès au jeu.

C’était une atmosphère irréelle. Bastien nous fit un topo. Papa avait, en une matinée, infiltré la table des Grands Parieurs. Un CM (le 27 selon Quarantième) y jouait aussi. En fin d’avant-midi, papa lui avait offert une consultation. CM-27 était le pourvoyeur de fond de la rébellion. La technologie qui permettait aux CM(s) de voyager entre les époques avait permis à CM-27 de mettre la main sur les résultats d’une roulette. Un second CM (le 15) faisait le va et vient entre le futur simple et le passé antérieur à cause d’une inconsistance dans l’espace-temps. C’était trop compliqué pour moi, mais maitrisable pour un ingénieur mécanique. Bastien termina en m’indiquant comment déjouer la sécurité locale.

En fin d’après-midi, je m’étais fait mon deuxième et troisième Claude Meilleur. Ma nouvelle mission ne serait accomplie que lorsque tous les Claude Meilleur(s) seront éliminés. Pas de quartier, pas de prisonnier. J’entendais Papy de l’au-delà.
« Vous sérez tous fouzillé! » qu’il disait.

Quarantième m’indiqua que nos prochaines cibles se trouvaient à Porto au Portugal. Une fois à l’aéroport, je déposais un baiser sur le front de mon père.
-Bon travail papa.

dimanche 23 septembre 2007

Le Meilleur pour la fin

J’étais moi-même nu comme un ver. Les deux types qui m’escortaient avaient une tête de Claude Meilleur (s). Ils m’abandonnèrent dans une pièce blanche sur une chaise. Assis sur une seconde chaise se trouvait une réplique de …
- Meilleur!
- Oui, ou si vous voulez, Claude Meilleur XL.
- Vous ne me paraissez pas de taille supérieure aux autres.
- Quarantième du nom.
- Et vous me voulez quoi?
- J’ai un travail pour vous. Mais avant, on va vous donner des vêtements. Veuillez pardonner les manières douteuses de mes associés. Ils ont voulu s’assurer que vous ne portiez pas de micro notre entretien.

Claude Meilleur fit un geste et mes escortes entrèrent. CM-1 poussait un chariot sur lequel étaient déposé des vêtements. CM-2 portait une housse transparente qui contenait un smoking. CM-1 me tendit mes vêtements et m’aida à les enfiler. Quarantième en profitait pour me fournir des indications. Au 23e siècle, Meilleur XL avait inventé une machine à voyager dans le temps. Trente Claude Meilleur(s) avaient été clonés et envoyés dans le passé afin d’assister à certains événements de notre histoire. Les clones, stérile et d’une durée de vie de 35 ans n’acceptaient plus leur sort et avaient décidé de se révolter à notre époque, où le Chef de l’église allait livrer un discours en faveur du clonage pour fin médicale. Meilleur voulait que je l’aide à mater la rébellion.

- Et nous commençons où?
- Nous allons au Casino. Bastien et votre père nous y attendent.