jeudi 11 octobre 2007

From scratch

-- Vous ne trouvez pas que vous voyez trop gros?

-- (...)

-- Comment allez-vous tourner vos scènes à Nice?


-- (...)

-- Je suis désolé, mais votre scénario doit être réalisable dans les limites de nos institutions. Vous n'êtes pas Denys Arcand, Jehanne Rodrigue, et heureusement, je ne suis pas Denise Robert!

-- C'est mon projet. Je le mène comme je le veux!

-- Vous étiez bien partie avec cette histoire de rupture pourtant! Un peu mainstream peut-être, mais prometteur... Et en tant que productrice, je me dois de vous rappeler à l'ordre.

-- Productrice! Le terme est fort, madame Chabal. Vous êtes mon prof. That's it! Un jour je ferai un hit avec ce scénario. Quant à l'ordre... merci, j'ai déjà donné!

-- Peut-être... peut-être... En attendant, je suis ici pour vous apprendre la base, all right?

mercredi 10 octobre 2007

Le mail

Alors, je continue ce que je disais :

Après une marche sur la Promenade des Anglais, je suis allé manger un travers de porc à la canadienne au restaurant Le Québec, non loin de mon hôtel. Et c’est là, à l’entrée de ma chambre, que je la vis enfin, ma valise.

Elle avait été perdue à l’aéroport. Nul besoin de spécifier, mais je le fais tout de même, que j’avais très hâte de retrouver mes vêtements. Six jours dans les mêmes caleçons, ça vient que ça chauffe, comme qu’on dit.

La nuit de sommeil suivante ne me porta encore aucun conseil. Au matin, je pris une autre marche, cette fois jusqu’au Quai des États-Unis (vivons dangereusement), j’allai manger des moules, Place Pierre-Gautier, quand Rita m’accosta.

-Bonjour monsieur, vous êtes seul?

Me dit-elle.

-Oui.

Que je lui répondis.

-Suivez-moi, je vous prie.

Qu’elle a poursuivi.

-…

Que j’ai rien dit.

-Voilà, cette place vous plaît-elle?

Qu’elle me demanda.

-Oui.

Que je lui répondis encore.

-Installez-vous, je reviens.

Qu’elle m’a juré.

(J’espère que tu me suis bien dans mon dialogue, c’est parce que je ne suis pas aussi bon auteur comme toi, moi.)

Et pis c’est là, j’ai commandé ces moules que j’ai tant vomies.

Voilà ce que je n’avais pas fini de te raconter. Sur ce, je te laisse, mon temps d’Internet achève et j’ai rendez-vous au Musée Matisse avec Rita.

Ciao!


Une engueulade de plus

J’en parlais à Gino au cours du déjeuner. À nouveau, il pris une grande respiration et me dévisagea.

- C’est ou que tu vas chercher ces idées là? Non mais, penses-y un peu. Tu es un veuf de 37, avec un enfant de 19 ans. Tu es un des meilleurs traducteurs de l’Ile de Montréal lorsqu’il s’agit des textes en anglais, italien ou français. T’es encore assez beau bonhomme, tu n’a pas de dette, pas de char et plus d’appartement à t’occuper. Ton fils, Gabriel, est premier de classe en technique policière, il a déjà été accepté à Nicolet. Il est économe comme pas possible, travaille comme portier les vendredis et samedis et a mis de côté durant neuf ans la rente d’orphelin qu’il a reçu…. Penses-y,… tu as des réactions de femmes névrosées qui se trouvent trop grosses et pas belles. Rentrer chez les Carmes Déchaux. Quant à y être, pourquoi pas rejoindre les Filles d’Isabelle?
- C’était juste une idée… Comme çà.
- Je pense que t’a encore ma sœur dans le corps. T’as besoin de prendre de la distance. Va-t’en. Prend un break. Oublis ma sœur, oublis Line… Et Line, une autre idée niaiseuse. Elle est lesbienne! Jamais tu pourras la sauter.
S’en suivit des pleures, une réconciliation, une engueulade de plus. Finalement, Gino avait raison. J’avais besoin de changer d’air. Je pris donc le premier vol pour Nice, mon ordinateur portable et une première édition d’un roman de John Irving : « Liberté pour les ours».

mardi 9 octobre 2007

Faire un choix

Oui, de l'ordre dans ma vie.

Entrer dans les ordres était une idée formidable à mes yeux.

Mais quel ordre? Il y en a tellement :

L’ordre de la chevalerie

L’ordre des agronomes

L’ordre des sages-femmes

L’ordre des comptables en management accrédité

L’ordre des urbanistes

J’optai pour l’ordre des Carmes déchaux.

dimanche 7 octobre 2007

Go les bleus, bienvenue les "blues"

Je me réveillais en sursaut d’un rêve. À en juger par les sueurs froides qui perlaient sur mon front en mon dos, ça devait être un mauvais rêve. Un mauvais rêve.

En quittant l’appartement de Line, avec en main ma jumelle et un croissant aux amandes, je m’étais rendu chez Gino où m’attendait devant la porte une voiture de police. L’enquêteur Poitras se présenta et m’offrit un « lift » au commissariat local où l’on pris ma photo et mes empreintes. Je fut longuement questionné, mais pas battu. Une fois que j’eu défilé le petit scénario de Jehanne, on me laissa partir avec la promesse de ne plus recoomencer.

Gino m’ouvrit la porte d’un air amusé.

- Tu t’ais fait planquer ?
- Ouais. Ta sœur, c’est une vraie…
- Attention, c’est encore ma sœur. Et je ne veux pas de problème. Par contre, elle m’a appelé de chez sa « chum » Line…
- Ouais, la garce !

Gino mâcha bien ses mots avant de poursuivre.

- Tu t’es foutu dans un beau pétrin.
- C’est ce que l’on dit.
- Que comptes-tu faire?
- Aucune idée.

Gino me tendit une bière.

- Les bleus ont gagnés. GO les bleus, bienvenue les « blues ».

Sur ce, j’avais fini ma bière et je m’étais couché dans un lit de fortune.

Ce matin, je me levais un homme amoché par les relations en série. En sortant de la douche, je décidais de mettre de l’ordre dans ma vie.