Je ne saurais dire si ce fut le contact de mes lèvres ou encore celui de ma moustache dûment trimée sur son cou qui le fit sursauter (sans compter que le bon Dieu le sait et que le Diable s’en branle), mais Père eut un mouvement de recul redoublé d’un rictus dégoûté et triplé d’un petit cri d’effroi.
- Père?
- Pas de ça, fils. Pas ici.
- Pas de quoi?
- Pas de… Pas de…
Il commença alors à gesticuler, tentant manifestement de me communiquer ce qui le travaillait. Le regard vide que je lui lançai sembla toutefois le prendre au dépourvu, le poussant à redoubler d’ardeur. Je tentais de déchiffrer ce non-dit qui le faisait suer à grosses gouttes, sans succès.
- Sois plus clair, Père.
Comme il commençait visiblement à se fatiguer, je me dis que lui suggérer des voies de réponse écourteraient possiblement cette séance de pantomime.
- La mousson? La tour de Babel? Le cardinal Léger? La téléphonie sans fil? Les menus du midi?
Je voyais à sa réaction que je n’y étais pas. Je tentai donc quelques autres essais, sentant que je brûlais de plus en plus. Puis la réponse m’apparut comme une grande évidence, et mon air béat signifia à mon géniteur que j’avais compris, ce qui lui fit arrêter le spectacle, en nage qu’il était (papa, pas le spectacle).
- M’accuserais-tu de pédérastie, Père?
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