Mon père leva les yeux au ciel. Son non-verbal disait tout. Néanmoins, il le dit quand même:
– Pourquoi faut-il toujours que j’entende ces mots? Pé-dé-ras-tie! Ma-mel-leu! Ton dossier indique bien que tu n’es pas un so-do-mi-te. Tu vois? Je suis aussi capable de dire ces mots.
J’étais en colère, mais j’essayais surtout de cerner ce père manquant qui m’avait laissé seul avec ma mère avant de partir pour la guerre. Tout ce que je savais, c’est qu’il était devenu psychiatre dans un village. Curieuse coïncidence que le juge m’assigne sans le savoir à être consulté par mon propre père. Ça ne pouvait pas plus mal tomber considérant les circonstances.
Dès mon arrivée dans son cabinet, j’ai su devant qui j’étais. Le prénom concordait et sa gueule était la même que la mienne lorsque je me réveille au petit matin après une cuite trop marquée. Je ne parlerai pas de pilosité faciale… On croirait des jumeaux. En fait, sommes-nous des jumeaux décalés de 34 ans? Allez savoir!
Mon père me sortit de mes pensées.
– Je suis si heureux que nos chemins se croisent à nouveau. Ce sera comme une renaissance pour nous deux. Tu verras, tu ne regretteras pas ce jour. Par contre, il ne faudrait pas que tu avises ton supérieur, gardons ce petit secret entre nous.
Comme si je voulais aller me vanter à l’escouade des stups que j’avais retrouvé mon père. J’aimais mieux le rôle de fils manqué. Je pris congé de lui.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
Ouf! 248 mots!
Trois de plus et tu étais fusillé sans autre forme de procès.
Belle réorientation!
Cela dit, une petite correction:
"Mon père me sortiTTT de mes pensées."
On est fusillé pour de vrai avec 251 mots et plus? Pas moyen d'avoir d'accommodement raisonnable?
Ce sont des balles équitables, ne t'en fais pas.
Voilà qui me rassure.
Enregistrer un commentaire