vendredi 31 août 2007

Auf wiedersehen, herr Kolonel

Je m'approchais du lit. Herr Kolonel dormait mal et il était en sueur. Pas besoin d'être médecin pour voir qu'il n'en avait pas pour longtemps. Je lui caressais la barbichette, comme il aimait que je le fasse alors que j'étais encore enfant.

Il se réveilla. Son regard en disait long. Il était heureux de ne pas mourir seul comme un chien. Je lui parlais de cette enfance heureuse et de ses moments merveilleux où il m'enseignait la vie du cirque. Après un certain moment, soit environ une heure et quart, je compris enfin pourquoi il se pointait les oreilles : il était devenu complètement sourd et muet, le pauvre.

J'étais au comble du désespoir, nous étions là, côte à côte pour une dernière fois et nous ne pouvions pas communiquer…

Mais il me vint une idée : avec toute ma créativité je me mis à mimer cette folle jeunesse, les mauvais tours que nous avions joué aux éléphants, mes premières chûtes de funambule, nos premiers baisés maladroits, et je mimais, je mimais, j'étais emporté par la fièvre du mime. Il suivait chacun de mes mouvements, visiblement ému, pendant trois longues heures, mais, à la fin, il semblait fatigué. Il était vert pâle, glauque.

Je mis une main sur son coeur et l'autre sur sa main gauche, une main crispée, dure comme le bois, presque végétale. Son coeur était erratique et enfin cessa. Qu'est-ce que j'avais envie de pisser!

1 commentaire:

quarinette a dit…

J'adore tuer des personnages... je me sens tellement plus forte après.