Chef Bastien allait ouvrir la bouche lorsque la sonnerie de son portable sonna. Il décrocha, l’air contrarié, me faisant signe d’attendre. J’eus droit à la version tronquée de la conversation.
– Bastien à l’écoute! Oh, c’est vous chef! Comment allez-vous?
– Ce que vous me dites est plein de bon sens, j’y veillerai chef!
– Quant à vous, chef, je vous demande de lancer l’enquête dans cette direction. Dites au reste de l’escouade que c’est moi-même, votre chef, qui l’exige. Que dis-je, qui l’ordonne!
– Ce sera tout, chef.
– Je vois que c’est le chef, remarquais-je.
– Oui, c’est lui, me répondit le chef Bastien. Mais ce n’est plus lui le chef, c’est moi. Vous m’avez bien compris?
– C’est limpide comme de l’eau de roche, chef. La procédure de succession habituelle est en cours comme je peux voir.
Au fil des ans, l’escouade était devenue un véritable repaire d’anciens chefs. Chacun conservant sa prérogative d’être appelé chef, cela pouvait devenir confus (et lassant).
– L’opération d’infiltration que vous avez lancée de votre propre chef est une réussite, inspecteur Gautier, me lança le chef Bastien. Herr Sharpy-Forzessel ne se doute de rien. Il vous conduit à Madrid tout simplement… vous pourrez cueillir toute cette racaille comme un fruit mûr. C’est presque trop facile.
J’aurais aimé protester, mais mon supérieur continua :
– Ils sont dans l’immeuble voisin. Ils vous croient plus empoisonnés qu’eux. Vous irez les rejoindre en Espagne.
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2 commentaires:
titre révélateur d'intrigue, bien ficelé, on va quelque part...
En effet. C'est excellent. Enfin l'Espagne, ce pays rêvé :-)
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